Covid long, le rôle des kinés

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Dernière modification le 07/01/2024
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Il y a un an, la France entrait de plain-pied dans la crise sanitaire et le confinement, qui laissaient planer un vent de panique générale, d’incertitude et d’urgence hospitalière. Relégués au rang de “soignants de confort”, les masseurs-kinésithérapeutes très vite invités à fermer les portes de leurs cabinets, ont été confrontés à la perte inédite mais totale de leur CA et à se battre parfois pour bénéficier des aides auxquelles ils avaient droit.

Côté soin, il a fallu se réinventer pour continuer à suivre ses patients dont les soins kinés ne pouvaient pas attendre, évaluant autant que faire se peut le ratio bénéfices/risques d’un suivi à domicile, comme en a témoigné Laura au micro de “Maddie, conversation avec un kiné” en avril 2019.

Aujourd’hui, le rôle central des masseurs-kinésithérapeutes dans la prise en charge des patients, en particuliers ceux atteints de formes longues de Covid-19 n’est plus à discuter.

Syndrome d’hyperventilation, programme de réentrainement à l’effort : comment optimiser la prise en charge des patients présentant des symptômes prolongés de la Covid-19 ?

 

Qu’est ce que le covid long ?

 

La science manque encore de connaissances à propos de ce virus, notamment sur son évolutivité. Le terme “Covid-long” caractérise le cas des patients qui souffrent de symptômes persistants du virus pendant une longue période. Il a ensuite été repris par la littérature scientifique pour qualifier ce phénomène.

 

La HAS définit le Covid-long selon 3 critères :

  • le patient a développé une forme symptomatique

  • le patient présente un ou plusieurs symptômes initiaux 4 semaines après sa contamination

  • aucun autre diagnostic n’explique la persistance de ces symptômes

 
 

Quels sont les symptômes du covid long ?

 

Les symptômes qui peuvent être persistants dans le temps sont :

  • la fatigue

  • les troubles neurologiques (cognitifs, sensoriels, céphalées),

  • les troubles cardio-thoraciques (douleurs et oppressions thoraciques, tachycardie, dyspnée, toux)

  • les troubles de l’odorat et du goût.

  • les troubles digestifs et cutanés

  • les douleurs

 

Ces symptômes sont très fluctuants, ils alternent entre aggravation et atténuation mais l’évolution des symptômes tend vers l’amélioration de l’état général du patient.

Comment prendre en charge le patient ?

 

En premier lieu, le kiné doit être dans une écoute empathique. Le patient doit être bilanté dans sa globalité pour avoir une stratégie thérapeutique personnalisée. Ce bilan peut également explorer les éventuels troubles anxieux et dépressifs, qui pourront être accompagnés d’une proposition de soutien psychologique.

La HAS estime que la rééducation doit occuper une place centrale qui se fera en 2 temps :

 

Rééducation respiratoire en cas de syndrome d’hyperventilation (SHV)

❷ Réentrainement à l’effort mené de façon progressive et adaptée à chaque patient.

La rééducation respiratoire

 

Le syndrome d’hyperventilation (SHV) se traduit par une fréquence et des volumes respiratoires disproportionnés par rapport aux besoins du patient. Le SHV peut être exacerbé par le stress qui aurait tendance à augmenter les symptômes et les rendre encore plus difficiles à enrayer. Il est donc crucial de diagnostiquer les éventuels troubles anxieux et dépressifs.

Pour la rééducation du SHV, le kiné doit avoir suivi une formation en kinésithérapie respiratoire. Il conviendra de sa conduite thérapeutique après l’examen du patient.

L’examen sera basé sur l’observation méthodique de la respiration avec une attention bienveillante des affects. L’objectif est d’inciter le patient à conscientiser sa respiration au cours de diverses situations (repos, effort,…)

 

Cette rééducation est composée :

  • d’exercices respiratoires à différents volumes, débits et pressions. Ces exercices sont guidés par le kinésithérapeute

  • d’une sensibilisation à la respiration abdominale

  • éventuellement d’une sensibilisation à la respiration thoracique haute et basse

 

Les techniques de sophrologie et de relaxation peuvent être intéressantes dans la rééducation respiratoire du patient. La pratique de certains exercices peut être encouragée à domicile.

Les effets positifs et l’efficacité de la rééducation peuvent être mesurés par l’amélioration qualitative de l’état de santé du patient et de son quotidien : baisse de la gêne et de la fréquence respiratoire, reprise de l’activité physique, amélioration de l’hypocapnie et de la qualité de vie…

 
 
 

Le réentraînement à l’effort

 

Comme pour la rééducation respiratoire, le MK ne peut effectuer le réentraînement à l’effort que s’il a été formé sur le sujet, et à la suite de l’examen du patient.

 

Pour cet examen , le kiné pourra s’appuyer au choix sur ces évaluations :

  • Évaluation des capacités aérobie

  • Évaluation des capacités anaérobies

  • Évaluation des douleurs

  • Évaluation de la fatigue, de la fatigabilité

  • Évaluations fonctionnelles

  • Évaluations des compétences des patients et de leurs motivations

  • Évaluation de la qualité de vie

  • Évaluation des capacités de proprioception et équilibre

  • Évaluation de la motricité globale en lien avec d’éventuels troubles neurologiques

  • Évaluations articulaires (déficits d’amplitude, douleurs au mouvement…)

  • Évaluation respiratoire

  • Recherche de trouble de déglutition, évaluation de la déglutition (patient post réanimation et/ou âgé et/ou avec antécédent de lésion neurologique centrale)

  • Identification d’une éventuelle perte de poids en lien avec anosmie, agueusie et/ou trouble de déglutition

 

L’ensemble des évaluations que le kiné va effectuer lui permettra d’adapter le programme de rééducation au patient, à ses besoins, à ses attentes et ses progrès.

La reprise d’une activité physique est une priorité. Elle doit être adaptée à l’état du patient et doit être progressive. En covid long, le patient a un seuil d’effort à partir duquel l’exercice déclenche ses symptômes. Ce seuil doit donc être pris en compte dans le choix et l’intensité des exercices. Il peut également être intéressant d’apprendre au patient à connaître ses limites.

Dans ces séances de réadaptation à l’effort, le kiné devrait inclure au minimum un réentraînement aérobie (ergocycle, tapis de marche,…) et un réentraînement musculaire au niveau des membres et du tronc (charge guidé, haltères, élastiques…)

 

Ensuite, en fonction des résultats du bilan, le kiné pourra ajouter :

  • Réentrainement des muscles respiratoires (valves résistées en pression)

  • Réentraînement de l’équilibre

  • Retour au sport antérieur, réintégration du geste sportif, éventuellement avec une orientation et une adaptation en structure sport santé

  • Notion de pérennisation de l’activité physique et sportive

 

Sauf contre-indication, la pratique sportive est essentielle et doit être encouragée dans les limites des capacités du patient.

 

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